Parler d’histoire « people » est-ce bien sérieux ? Ben ouis c’est sérieux. C’est sérieux parce que ça nous rappelle que les grands de ce monde, ne sont que des hommes comme nous. Là où on attend du bronze on trouve souvent du papier, c’est le lot de toute l’humanité. Eux : c’est moi, c’est nous.
J'ai vu "dans la peau de Jacques Chirac", juste j’ai raté les dix premières minutes. Le film est composé de scènes télévisées et sélectionnées des années 1967 à 2005. Il ressort de l’ouvrage que c’est un brave garçon, plutôt inoffensif. C’est un brave garçon qui fait pitié. Lui semble un homme fragile, débonnaire, peu sérieux, timide, peu sûr de lui.
Bernadette le méprise et le déteste. Je vous décris une scène volée par la caméra. Ils ont tous les deux la soixantaine. Ils vont prendre l’avion. C'est lorsqu'il vont entrer dans un avion (ils sont dans un tunnel mobile), une marche fait trébucher Bernadette, ils se précipite galamment pour la rattraper, elle, qui n'est pas en danger se retourne et a l'air de dire avec un air de mépris et de colère : "Ah ! ne me touche pas ! Répugnant personnage" et lui a un sourire béat et gêné comme s’il n’avait rien vu et pas compris qu’elle ne l’aimait pas...
Ca fait de la peine pour lui. Mais je crois qu'elle sait qu'il n'est pas très fidèle. On dirait qu’elle a horreur de lui physiquement.
En revanche sa fille semble l'aimer, mais est un peu protectrice avec papa. A un moment se croyant à l’abri de l’œil de la caméra elle fait signe à papa : « boucle la ! » en se mettant l’index sur la bouche mais horizontalement, ce qui est encore plus expressif. « Boucle la papa ! »
A part ça il a l’air d’un grand dadais élevé durement : il est donc peu sûr de lui, pusillanime. « Parent n’agacez pas vos enfants de peur qu’il ne deviennent pusillanime », c’est à dire selon le Larousse « qui manque d’initiative, (…) qui a peur des responsabilités. » Il paraît que son papa était trop exigeant.
Lors des débats, il apparaît moralement écrasé par Mitterrand la seule personne qui le méprise ouvertement et l’humilie constamment. Alors que Marchais, trop brutal, Jospin trop copain, trop respectueux font jeu égal avec lui. Mitterrand n’en ressort pas grandi pour autant d’ailleurs car il apparaît pour ce qu’il était : inquiétant. Mais Jacques ne fait pas le poids face à cette bête féroce. Il est comme face à Bernadette : subjugué et répond avec un sourire de quelqu’un qui avale la couleuvre.
Vers la fin vous avez cette scène de la réunion du G7, où la photo officielle doit immortaliser George W. Bush et les autres. Tout le monde attend : Jacques sort difficilement de la sieste. Ils chantent « frère Jacques, frère Jacques, dormez-vous ? dormez vous ? » il s’agit des personnages les plus puissants du monde ! Jacques arrive, il prend place. Le photographe officiel va pouvoir opérer. Une fois il n’avait pas pris la parole dans un congrès RPR, parce qu’il faisait la sieste ! La sieste pour Jacques, c’est sacré !
Ca me rappelle aussi Sarkozy qui avait fait faux bon à des millions de téléspectateurs : prévu pour le vingt heures de TF1, il n’était pas venu parce qu’il venait de vivre une scène de rupture avec Cécilia et était nerveusement hors d’état de se présenter devant les caméras. Il m’était apparu qu’un homme capable de faire faux bon à des millions de personnes pour des motifs de nerfs abîmés ne pouvait pas briguer de très hautes responsabilités. Je me trompais, tout le monde a oublié l’anecdote de Poivre d’Arvor annonçant que Monsieur Sarkozy ne viendrait pas et qu’il venait de téléphoner à TF1.
On sort de là en voyant notre Jacques comme un grand frère : un produit de l’éducation bourgeoise de l’entre deux et de l’après guerre. Ne croyez pas que vous y trouverez des informations sur le fonctionnement des institutions sous Jacques Chirac, ou sur sa politique étrangère, non rien de tout cela.
Le film est prétendument politique, moi je l’ai trouvé terriblement people, beaucoup moins politique que le Farenheit 9 11 de Moore. C’est beaucoup plus une peinture de caractère de Chirac et de son entourage qu’une histoire politique. On peut arriver remonté à bloc contre Chirac et on en sort amusé par un personnage gentil, léger et comique.
1 commentaire:
Vous vous rendez compte comme on peut être manipulé par le cinéma. On en sort en pensant que Jacques Chirac est un pauvre homme méprisé par sa femme.
J'ai trouvé votre post excellent. Mais en même temps je me demande comment Karl Zero a réussi à faire un film qui fait presque aimer Chirac à la fin. Du coup je n'ai plus trop envie d'aller le voir :-))
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