19.5.14

De Paul VI à Benoît XVI sur le nouveau missel et la violation des libertés religieuse et de conscience dans l'Église

Selon Benoît XVI dans son motu proprio du 7 juillet 2007, les fidèles et les prêtres de l'époque avaient accepté ce nouveau missel "volontiers". C'est ce "volontiers" qui fonderait le titre que se reconnaissait Benoît XVI a interdire en général (et à autoriser exceptionnellement) l'usage du missel de saint Pie V.

Or le discours consistorial de Paul VI de 1976 dément ce terme.

« C’est au nom de la Tradition elle-même que nous demandons à tous nos fils et à toutes les communautés catholiques de célébrer avec dignité et ferveur les rites de la liturgie rénovée. L’adoption du nouvel Ordo Missae n’est certainement pas laissée à la libre décision des prêtres ou des fidèles. L’instruction du 14 juin 1971 a prévu que la célébration de la messe selon le rite ancien serait permise, avec l’autorisation de l’Ordinaire, seulement aux prêtres âgés ou malades qui célèbrent sans assistance. Le nouvel Ordo a été promulgué pour prendre la place de l’ancien, après une mûre délibération et afin d’exécuter les décisions du concile. De la même manière, notre prédécesseur saint Pie V avait rendu obligatoire le missel révisé sous son autorité après le concile de Trente. La même prompte soumission, nous l’ordonnons, au nom de la même autorité suprême qui nous vient du Christ, à toutes les autres réformes liturgiques, disciplinaires, pastorales mûries ces dernières années en application des décrets conciliaires. »
Ce n'est donc pas "volontiers" que le peuple a accepté le missel de Paul VI, c'est au moyen de menaces.

C'est très bien que l'on se prépare à canoniser Paul VI, cela montre que la perfection est facile. On peut ainsi mentir (par exemple le nouveau missel n'est en rien une application des décisions du concile Vatican II). On peut violer la liberté des fidèles en leur interdisant l'usage de prières éditées par un pape. On peut mentir encore en pratiquant un parallèle fallacieux entre l'interdiction de rites qui n'avaient pas reçu l'approbation du Saint-Siège et l'interdiction d'un rite conforme à un missel édité par un pape. On peut donc violer les droits fondamentaux à la vérité, à la culture religieuse, à la liberté de conscience et à la liberté religieuse de milliards d'individus et être un saint à miracles. 

Très bien, cela me rassure pour mon salut... Je me garderais toutefois, avec l'aide de Dieu, de ce mépris de l'humanité dans ses droits fondamentaux.

Le scandale fit trébucher les sédévacantistes et les lefebvristes, car Paul VI, qui restait pape, a, en même temps, enseigné des vérités très profondes et très utiles. 

Il aurait fallu que les lefebvristes comprennent que ce n'était pas la foi qui était en jeu, car seul le Pape est docteur de la foi, mais que c'était la raison. Car la raison fonde les droits de l'homme. Personne n'est juge du Saint Siège, sauf en ce qui concerne ses droits personnels fondamentaux fondés sur la raison, occurrence dans laquelle d'ailleurs on ne juge pas le Saint-Siège mais on juge de ses propres droits naturels (lire mon post sur Jean XXIII respectueux de la liberté religieuse des fidèles).

Les sédévacantistes et les lefebvristes se sont laissés scandaliser par Paul VI. Le Père Guérard des Lauriers avait sans doute raison en accusant Paul VI de "schisme capital", mais son opinion n'avait aucune conséquence pratique (il n'avait aucun titre juridique à donner des conséquences à son opinion), ce que le Père ne comprit pas. Les lefebvristes ne furent pas les seuls scandalisés car les épiscopats qui ont usé de violences en application des discours de Paul VI se sont rendus, eux aussi, coupables de graves fautes contre les droits culturels des nations et les droits naturels des fidèles.

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