4.4.13

Quand le cardinal Bergoglio tirait dans le dos des militants

Le pape François, ancien archevêque de Buenos Aires, si silencieux pendant la dictature, si discret depuis l'instauration de la destruction du mariage dans son pays est un Pape apostolique. Il veut convertir le monde. C'est très bien. Je suis tout à fait d'accord. Là où je ne suis plus d'accord c'est lorsqu'il attaque ceux qui lui déplaisent et qu'il confond avec les militants catholiques.

Il a publié un livre d'interviews à l'époque. Voici ce qu'il y disait selon le journaliste Sandro Magister :

« (…) Bergoglio critique certaines homélies "qui devraient être 'kérygmatiques' mais qui finissent par parler de tout ce qui a un rapport avec le sexe. Telle chose est permise, telle autre ne l’est pas. Ceci est erroné, cela ne l’est pas. Et alors nous finissons par oublier le trésor qu’est Jésus vivant, le trésor qu’est le Saint-Esprit présent dans nos cœurs, le trésor qu’est un projet de vie chrétienne ayant de nombreuses implications qui vont bien au-delà des seules questions sexuelles. Nous négligeons une catéchèse très riche, qui traite des mystères de la foi, du credo, et nous finissons par nous concentrer sur la question de savoir s’il faut participer ou non à une manifestation contre un projet de loi en faveur de l'utilisation du préservatif". »


In coda venenum, disaient les anciens ("le venin est à la fin"). Je n'ai jamais entendu une homélie sur les choses licites et celles interdites en matière de sexe. Pourtant j'ai fréquenté l'église tous les dimanches et les fêtes pendant plus de cinquante ans (dont vingt chez les lefebvristes). Je n'ai jamais entendu quelqu'un me dire qu'il avait entendu une homélie sur ces sujets. Je n'ai jamais entendu un prêtre dire que les seules questions étaient les questions sexuelles (dont les prêtres ne parlent pratiquement jamais en public et en privé : sur demande). J'ai entendu (ou dû entendre, en tous cas, lu) en revanche que la morale catholique n'était pas une morale de l'autorisé et de l'interdit, mais une morale vivante, une morale des circonstances et de la raison, ce qui ne signifie une morale arbitraire, au contraire. La raison, la vérité et la liberté sont toujours intimement liées.

Donc la critique est intolérablement injuste.

Car on constate, à la réflexion, que notre alors futur pape n'a de critiques qu'à l'égard d'une seule catégorie de personnes : celles qui témoignent publiquement de l'ordre public universel, chrétien et national.

Car aucune manifestation n'a jamais été organisée contre le préservatif. C'est une méchante caricature qui vise sans doutes les manifestations pour la vie, pour le mariage, pour la liberté religieuse et en général pour les droits de l'homme.

Pas plus que le cardinal Vingt-Trois et les autres (dont monsieur Daoudal, monsieur de Plunkett et tous ces "gros catholiques") qui encourageaient les CRS arrêtant les manifestants à l'automne 2011, tous ces gens auraient-ils des fois à déraciner les montagnes, n'ont le droit de bafouer les droits universels de l'homme et de combattre ceux qui les défendent ainsi que leur liberté. 

On comprend mieux à la lecture de l'interview pourquoi Bergoglio n'a rien fait contre la dictature des généraux. C'est dans la logique de ses discours.

A l'époque on peut imaginer le raisonnement de Bergoglio : « Les généraux et surtout leurs hommes, les humbles simples soldats, n'étaient-ils pas des gens à évangéliser qu'il ne fallait surtout pas effaroucher en leur parlant d'interdits et d'autorisés ? « Les arrestations arbitraires, c'est contraire au droit, c'est interdit  ; la torture ? N'est pas licite ; les exécutions sommaires, c'est illicite ! » Arrêtez de leur casser les pieds avec ces histoires pharisaïques ! Assez de ces moralistes du licite et de l'autorisé ! Il faut leur parler autrement.

Puis s'adressant aux militants des droits de l'homme :

« Vous voulez pas organiser une manifestation, en plus, non ? pour faire la leçon aux autres, espèces de pharisiens ? Ce qu'il faut, c'est aller vers eux et leur parler de Jésus qui était une personne... Il faut leur parler des principes qui vont bien au-delà de la torture et des arrestations sommaires ! Peuh ! Ces salauds de pharisiens réclament même la répression ! Viens ici petit et faible tortionnaire de mon cœur ! »

Bien sûr notre bon Bergoglio n'a pas dit cela. Il n'a rien dit. Mais j'imagine ce discours car je ne fais que tirer les conséquences des principes qu'il énonce dans l'interview recensée par monsieur Magister : je propose une démonstration "par l'absurde" (qui à l'inverse de la sienne n'est pas mensongère). Bien sûr, notre bon Bergoglio a, récemment, eu des mots pour les enfants otages et loin de moi l'idée de rejeter tout ce qu'il dit, surtout lorsqu'il défend, de fait, les droits de l'homme et les droits de l'enfant ! Je l'approuve alors chaudement.

Mais, nous autres laïcs, nous exercerons notre liberté religieuse, notre liberté de citoyens, notre liberté de Français, notre liberté de culture française, n'en déplaise à Bergoglio ou au cardinal Vingt-Trois ou à tous les autres "gros catholiques".

Vivent les droits universels de l'homme fondés sur la vérité de la raison universelle de l'homme ! Et vivent leurs défenseurs !

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