Le pape Benoît XVI dans "Summorum pontificum" ne dit pas qu'il existe dans l'Église romaine deux formes d'un même rite.
Après avoir confirmé que la liturgie est l'expression de la foi, il poursuit en constatant qu'il ne peut donc y avoir division de la "lex credendi" (il n'y a qu'une foi). Il en conclut que c'est la mise en œuvre de l'unique rite romain puisqu'il ne peut y avoir deux fois.
Il ne s'agit pas de deux formes d'un unique rite, mais deux usages d'un unique rite.
Voici ce que dit le texte latin
« Hae duae expressiones “legis orandi” Ecclesiae, minime vero inducent in divisionem “legis credendi” Ecclesiae; sunt enim duo usus unici ritus romani. »
Ce que je traduis :
« Ces deux expressions de la "loi de la prière" de l'Église, induisent, à la vérité le moins du monde, [litote] une division de "loi de la croyance" de l'Église ; en effet, ils constituent deux usages de l'unique rite romain. »
Et voici la traduction officielle :
« Ces deux expressions de la « lex orandi » de l’Église n’induisent aucune division de la « lex credendi » de l’Église ; ce sont en effet deux mises en oeuvre de l’unique rite romain. »
Je ne vois pas que "usus" puisse être traduit par "mises en œuvre".
Donc dans « Summorum pontificum », il n'y a pas l'expression "deux formes de l'unique rite".
En revanche dans la lettre d'accompagnement du "Motu proprio" du 7/7/7, il y a l'expression « Forma extraordinaria » :
« La dernière version du Missale Romanum, antérieure au Concile, qui a été publiée sous l’autorité du Pape Jean XXIII en 1962 et qui a été utilisée durant le Concile, pourra en revanche être utilisée comme Forma extraordinaria de la Célébration liturgique. Il n’est pas convenable de parler de ces deux versions du Missel Romain comme s’il s’agissait de « deux Rites ». Il s’agit plutôt d’un double usage de l’unique et même Rite. »
1) Le fait que la messe ait été dite dans la version éditée par Jean XXIII n'entraîne pas que les rites plus anciens seraient interdits, car, édités par des Papes, ils sont inerrants. Donc en vertu du droit de l'homme à la liberté religieuse ne peuvent pas être interdits, même si, de fait, ils tombent en désuétudes.
2) On lit l’expression « Forma extraordinaria » dans ce texte, mais plutôt comme expression pratique pour désigner l’une des versions (le mot est de moi) du « double usage ». On sent bien l’embarras du Pape qui sait qu’il est impossible qu’il y ait deux rites en raison de l’unicité de la foi et qui a démontré qu’historiquement les Papes, parmi lesquels il veut compter Paul VI, ont toujours respecté les cultures des peuples (or le motu proprio constate que le rite de saint Pie V est intégré à la culture européenne) et surtout les « usages reçus de la tradition apostolique » réception nécessaire à la transmission de la foi. Le motu proprio rappelle qu'il ne peut y avoir de nouveaux rites, mais uniquement réception d'usages traditionnels. Monsieur Madiran rappelait à ce propos qu'il n'y a de tradition que de ce qui a été transmis. Ce qui a été abandonné n'est pas traditionnel. Le Motu proprio semble lui objecter qu'il ne s'agit pas d'innovations, mais de "restauration". L'expression est malheureuse car elle évoque une corruption, un écroulement par un rite édité par un Pape (en l'occurrence saint Pie V). Or le Pape dans sa fonction d'éditeur est inerrant. Il ne peut donc y avoir « restauration » ce qui supposerait que le rite de saint Pie V soit un rite corrompu. Il y a réintroduction d'usages (ou prétendus tels car Mgr Schneider a démontré que ces prétendus usages n'avaient jamais existe), il y aurait donc réintroduction d'usages abandonnés qualifiés de "restauration", ce qui est fort injurieux pour l'éditeur du rite critiqué.
2) On lit l’expression « Forma extraordinaria » dans ce texte, mais plutôt comme expression pratique pour désigner l’une des versions (le mot est de moi) du « double usage ». On sent bien l’embarras du Pape qui sait qu’il est impossible qu’il y ait deux rites en raison de l’unicité de la foi et qui a démontré qu’historiquement les Papes, parmi lesquels il veut compter Paul VI, ont toujours respecté les cultures des peuples (or le motu proprio constate que le rite de saint Pie V est intégré à la culture européenne) et surtout les « usages reçus de la tradition apostolique » réception nécessaire à la transmission de la foi. Le motu proprio rappelle qu'il ne peut y avoir de nouveaux rites, mais uniquement réception d'usages traditionnels. Monsieur Madiran rappelait à ce propos qu'il n'y a de tradition que de ce qui a été transmis. Ce qui a été abandonné n'est pas traditionnel. Le Motu proprio semble lui objecter qu'il ne s'agit pas d'innovations, mais de "restauration". L'expression est malheureuse car elle évoque une corruption, un écroulement par un rite édité par un Pape (en l'occurrence saint Pie V). Or le Pape dans sa fonction d'éditeur est inerrant. Il ne peut donc y avoir « restauration » ce qui supposerait que le rite de saint Pie V soit un rite corrompu. Il y a réintroduction d'usages (ou prétendus tels car Mgr Schneider a démontré que ces prétendus usages n'avaient jamais existe), il y aurait donc réintroduction d'usages abandonnés qualifiés de "restauration", ce qui est fort injurieux pour l'éditeur du rite critiqué.
À aucun moment donc, ni dans le motu proprio, ni dans la
lettre d’accompagnement, je ne lis l’expression « deux formes d’un seul rite ».
Mais je lis « double usage d’un seul rite ».
Comment peut-il y avoir « double usage d'un seul rite » ? Cette expression a-t-elle un sens intelligible, est-elle cohérente ?
Qu’est-ce qu’un rite ? Un rite est une forme
particulière de cérémonie liturgique. Il existe des livres
« rituels » qui décrivent des formes. (Définition du mot
« forme » par le Littré en matière de théologie : « Terme
de théologie. La forme d'un sacrement, les paroles sacramentelles que le prêtre
prononce en le conférant. Les paroles je te baptise.... sont la forme du
sacrement, et l'eau en est la matière. » Le rite est donc bien une
catégorie de forme.
Selon le « Trésor de la langue française », le rite est l’ « Ensemble de prescriptions qui règlent la célébration du culte en usage dans une communauté religieuse. » Selon le Littré les rites sont : l’ « Ordre prescrit des cérémonies qui se pratiquent dans une religion. » Le rite ou les rites sont donc une catégorie de formes, des usages. Le rite est un ordre. Lorsque l’ordre change, le rite n’est plus le même.
Si les paroles sont différentes, supprimées ou ajoutées, si les gestes ne sont pas les mêmes, les formes, donc les rites, sont différents. Or, le rite de Paul VI, supprime des paroles inscrites dans le rite de saint Pie V (par exemple, il supprime le psaume "Introibo", il supprime en grande partie les prières de l’offertoire, il ajoute des prières absentes du rite de saint Pie V (à la fin du « Pater », autre exemple), il introduit la bénédiction dans le rite de la messe etc. On peut conclure que le spectaculaire et consternant retournement de l’autel (qui, je le concède, n'est pas dans le rite de Paul VI, mais est pratiqué par les innombrables partisans du rite de Paul VI) joint à ces nombreux suppressions et ajouts forment un autre rite, un rite nouveau.
Selon le « Trésor de la langue française », le rite est l’ « Ensemble de prescriptions qui règlent la célébration du culte en usage dans une communauté religieuse. » Selon le Littré les rites sont : l’ « Ordre prescrit des cérémonies qui se pratiquent dans une religion. » Le rite ou les rites sont donc une catégorie de formes, des usages. Le rite est un ordre. Lorsque l’ordre change, le rite n’est plus le même.
Si les paroles sont différentes, supprimées ou ajoutées, si les gestes ne sont pas les mêmes, les formes, donc les rites, sont différents. Or, le rite de Paul VI, supprime des paroles inscrites dans le rite de saint Pie V (par exemple, il supprime le psaume "Introibo", il supprime en grande partie les prières de l’offertoire, il ajoute des prières absentes du rite de saint Pie V (à la fin du « Pater », autre exemple), il introduit la bénédiction dans le rite de la messe etc. On peut conclure que le spectaculaire et consternant retournement de l’autel (qui, je le concède, n'est pas dans le rite de Paul VI, mais est pratiqué par les innombrables partisans du rite de Paul VI) joint à ces nombreux suppressions et ajouts forment un autre rite, un rite nouveau.
Dès lors, on ne voit pas comment il ne peut y avoir qu’un
seul rite sous deux usages différents.
D’une part ceux qui, comme le site « Pro
liturgia », emploient l’expression « deux formes d’un seul
rite » emploient une expression absente du Motu proprio « Summorum
pontificum », d’autre part, l’expression qui se trouve effectivement
dans le document pontifical selon laquelle il faut distinguer deux usages d’un
seul rite est absurde. Car un rite est une forme, s'il y a deux formes, il y a deux rites.
Je ne prétends pas résoudre le grave problème induit par l’édition
des rites de Paul VI et ceux subséquents de Jean-Paul II, mais je ne peux faire
autrement que de signaler l’incohérence de l’expression par laquelle le Pape Benoît XVI a
prétendu résoudre ce problème des différences manifestement très importantes
entre les deux rites qui doivent pourtant chacun exprimer la même foi en niant l'existence de deux rites.
Je prétends encore moins que le rite de Paul VI exprimerait une autre foi que celui du rite de saint Pie V, quoique certains des partisans du nouveau rite semblent le professer passionnément.
Je ne fais que signaler que l’on ne pourra résoudre le problème en l’escamotant par une expression incohérente. Le grand mérite du motu proprio reste d'avoir mis le problème en évidence.
Sur ce blog, j'ai rappelé à plusieurs reprises, que l'interdiction par le motu proprio du 7/7/7 de l'« usage extraordinaire » lequel "usage" ne serait autorisé que sous certaines conditions, bafoue la liberté religieuse des individus et des sociétés et le droit à la culture religieuse des peuples (dont Benoît XVI constate par ailleurs, dans le même motu proprio, que les cultures européennes et romaines - y compris celles d'Amérique latine et des Philippines - ont intégré ce rite de saint Pie V). La politique liturgique des derniers papes et des épiscopats depuis Jean XXIII s'opposent donc aux droits universels de l'homme.
Je prétends encore moins que le rite de Paul VI exprimerait une autre foi que celui du rite de saint Pie V, quoique certains des partisans du nouveau rite semblent le professer passionnément.
Je ne fais que signaler que l’on ne pourra résoudre le problème en l’escamotant par une expression incohérente. Le grand mérite du motu proprio reste d'avoir mis le problème en évidence.
Sur ce blog, j'ai rappelé à plusieurs reprises, que l'interdiction par le motu proprio du 7/7/7 de l'« usage extraordinaire » lequel "usage" ne serait autorisé que sous certaines conditions, bafoue la liberté religieuse des individus et des sociétés et le droit à la culture religieuse des peuples (dont Benoît XVI constate par ailleurs, dans le même motu proprio, que les cultures européennes et romaines - y compris celles d'Amérique latine et des Philippines - ont intégré ce rite de saint Pie V). La politique liturgique des derniers papes et des épiscopats depuis Jean XXIII s'opposent donc aux droits universels de l'homme.
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