16.4.13

Je ne suis pas enthousiaste du discours du cardinal Vingt-Trois


Avec tout le respect que je dois au cardinal archevêque de Paris, je ne peux m'empêcher de ne pas approuver sur plusieurs points son discours d'aujourd'hui, lors de la Conférence des évêques.

On peut consulter son discours ici. Passons sur le mépris de la légitime laïcité. Les laïcs s'organisent comme ils veulent peuvent pour des raisons culturelles et rationnelles interdire certains costumes par des lois. Ici par exemple le port de la burka est légitimement interdit ne serait-ce que parce qu'il facilite le terrorisme...

Mais lorsque l'on lit ce passage, je ne peux plus être d'accord pour des raisons de liberté d'expression :

« C'est dans ce contexte général que nous devons réfléchir aux conditions de la nouvelle évangélisation. Pour vivre dans notre différence sans nous laisser tromper et tenter par les protections trompeuses d'une organisation en ghetto ou en contre-culture, nous sommes appelés à approfondir notre enracinement dans le Christ et les conséquences qui en découlent pour chacune de nos existences. À quoi bon combattre pour la sauvegarde du mariage hétérosexuel stable et construit au bénéfice de l'éducation des enfants, si nos propres pratiques rendent peu crédible la viabilité de ce modèle ? À quoi bon nous battre pour défendre la dignité des embryons humains, si les chrétiens eux-mêmes tolèrent l'avortement dans leur propre vie ? À quoi bon nous battre contre l'euthanasie si nous n'accompagnons pas humainement nos frères en fin de vie ? Ce ne sont ni les théories ni les philosophes qui peuvent convaincre de la justesse de notre position. C'est l'exemple vécu que nous donnons qui sera l'attestation du bien-fondé des principes. »

Bien sûr il est vrai qu'il est mieux que nos vies soient en accord avec nos convictions. Mais les erreurs ou les fautes n'interdisent nullement l'expression d'une pensée différente de celle que traduisent nos actes. Ne serait-ce que parce que "Je vois le bien et je l'approuve et je fais le mal" (Ovide) ou saint Paul (Épitre aux Romains ch. 7 : « 19 Non enim quod volo bonum, hoc facio : sed quod nolo malum, hoc ago. » « Car je ne fais pas le bien que je veux : mais le mal que je ne veux pas, je l'accomplis. »

Il faudrait donc bien distinguer la spiritualité et la morale d'un côté  du droit de l'autre et ne pas nier le droit sous prétexte de morale (qui serait d'ailleurs, dès lors, immorale). Il est donc parfaitement légitime d'exhorter à la cohérence, mais il ne l'est plus de nier à quiconque un droit d'expression et une liberté sous prétexte d'incohérence.

Le même cardinal avait malheureusement attaqué les manifestants en faveur de la liberté religieuse lors des affaires de l'automne 2011.

Aucun commentaire: