19.4.13

Les parallèles historiques pour masquer la réalité


Pour expliquer la situation actuelle, chacun y va de son parallèle historique. Les uns se croient dans les années 30 du XXème siècle, les autres remontent à la loi Naquet sur le divorce (1884).

Mais "l'histoire ne repasse pas les plats" (L.-F. Céline) ou bien, sur un mode plus abstrait : l'histoire est une succession d'événements uniques qui ne se reproduiront jamais.

Cela est vrai, même si l'histoire peut servir d'expérience (1). Le propre de l'expérience, si elle est assimilée, c'est de faire éviter les erreurs commises ou améliorer les attitudes face à des événements analogues.

Dans le cas de l'histoire, il ne s'agit pas d'expériences personnelles, mais d'expérience acquise à condition que le récit historique soit fiable (ce qui est rare de nos jours où toute l'histoire est falsifiée) et qu'il ait été lu et compris...

Ainsi, les parallèles historiques n'ont qu'une valeur très secondaire par rapport aux événements actuels.

À force de faire des comparaisons historiques, on en vient à être, comme monsieur Hollande, diplomé de l'École nationale d'administration, donc nourri de cette littérature de seconde zone que sont les comparaisons historiques, un homme du passé.

Car ce qui les rend encore plus inutiles, voire ridicules, est que des événements uniques se sont produits qui changent tout car ils changent les mentalités. Ces événements sont surtout des événements juridiques dont la Déclaration des droits de l'homme de 1948 est la "pierre milliaire", selon l'expression des papes. Il y a aussi l'encyclique "Pacem in terris" de Jean XXIII... et "Dignitatis humanæ", "Gaudium et spes", les encycliques de Jean-Paul II.

La différence entre 1884 et aujourd'hui, c'est qu'aujourd'hui, on comprend et on utilise par exemple la notion de "liberté religieuse" et, quant à moi, la notion de liberté religieuse des nations.

Ces documents juridiques et culturels qui sont aussi des événements, ont fait progresser l'esprit humain de façon telle que tout parallèle historique devient ridicule, si l'on intègre pas à la comparaison, les événements survenus en matière de droit universel, donc de culture universelle. 

(1) « Quand l’histoire serait inutile aux autres hommes, il faudrait la faire lire aux princes. Il n’y a pas de meilleur moyen de leur découvrir ce que peuvent les passions et les intérêts, les temps et les conjonctures, les bons et les mauvais conseils. Les histoires ne sont composées que des actions qui les occupent, et tout semble y être fait pour leur usage. Si l’expérience leur est nécessaire pour acquérir cette prudence qui fait bien régner, il n’est rien de plus utile à leur instruction que de joindre aux exemples des siècles passés les expériences qu’ils font tous les jours. » 

(Jacques-Bénigne Bossuet « Discours sur l’histoire universelle »). Ce qui est vrai, si l’on garde à l’esprit en même temps que l’être humain est toujours confronté, ici et maintenant, à une situation inédite que donc l'expérience, personnelle ou collective, n'a toujours qu'une valeur relative.

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